D’importantes différences régionales
Si, en moyenne, plus d’un tiers des décès liés à la chaleur sont dus au changement climatique d’origine humaine, l’impact varie considérablement selon les régions. Le nombre de victimes de la chaleur liées au climat varie de quelques dizaines à plusieurs centaines de décès chaque année, en fonction des changements climatiques locaux dans chaque région et de la vulnérabilité de sa population. Il est intéressant de noter que les populations vivant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, qui ont été responsables d’une part mineure des émissions anthropiques dans le passé, sont les plus touchées, la proportion de la mortalité liée à la chaleur d’origine humaine étant plus élevée en Amérique centrale et du Sud et en Asie du Sud-Est.
Même en Suisse, où les différences de conditions de vie sont relativement faibles et où les températures sont encore modérées, les risques liés à la chaleur « ne doivent pas être sous-estimés », affirme Ana Vicedo-Cabrera. Par exemple, un décès sur trois dû à la chaleur peut être attribué au changement climatique, l’estimation pour la Suisse étant d’environ 30%.
Les villes sont particulièrement touchées
Le réchauffement climatique pose particulièrement problème dans les villes, où l’effet d’îlot de chaleur urbain joue un rôle lourd de conséquences : dans les zones urbaines, les températures sont souvent beaucoup plus élevées qu’en périphérie – notamment la nuit. La raison principale réside dans la nature des surfaces : plus la part de surfaces scellées est élevée dans une zone, plus le rayonnement solaire est absorbé. En conséquence, les bâtiments et les rues sont chauffés dans la journée et se comportent comme un accumulateur de chaleur, qui rejette lentement la chaleur pendant la nuit. Avec l’augmentation des températures causée par le changement climatique, cet accumulateur de chaleur reçoit davantage d’énergie – et les habitants souffrent encore plus de la chaleur urbaine.
C’est pourquoi les chercheuses et chercheurs du Centre Oeschger pour la recherche en climatologie étudient les conséquences des vagues de chaleur sur les villes suisses dans le cadre du projet de recherche « Urban Climate Bern ». La quatrième campagne de mesures a été réalisée au cours de l’été 2021.