Les macaques rhésus et chats, réservoirs potentiels de rétro-transmission du SARS-CoV-2
Les chercheur·euse·s ont constaté que les résultats de leurs recherches menées in vitro concordaient bien avec ceux des études publiées précédemment, qui recouraient aux expériences sur animaux pour évaluer la sensibilité de différents animaux aux infections par le SARS-CoV-2. En utilisant le séquençage du génome entier du virus, les chercheur·euse·s ont également observé que le SARS-CoV-2 se répliquait dans les modèles in vitro de singe et de chat, sans même avoir besoin de s’adapter. Ces résultats suggèrent que certaines espèces de singes et de chats pourraient être particulièrement vulnérables aux infections par le SARS-CoV-2. « Nos résultats, ainsi que les rapports d’évènements de transmission déjà documentés, indiquent qu’il est nécessaire de surveiller de près ces animaux et d’autres espèces apparentées, qu’ils vivent à l’état sauvage, en captivité ou chez des particuliers », relève R. Dijkman.
Ces informations peuvent être utilisées par les autorités concernées, tels que l’Office fédéral de la santé publique et l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, pour surveiller la transmission SARS-CoV-2 entre l’homme et l’animal. Plus précisément, elles les aident à établir et à adapter les programmes de détection précoce afin de surveiller les animaux qui peuvent faire office de réservoirs potentiels de rétro-transmission du SARS-CoV-2. « Le grand public en bénéficiera, car cela permettra d’éviter que de nouveaux variants du SARS-CoV-2 ne se développent dans les réservoirs animaux et ne soient potentiellement réintroduits dans la population humaine, contre lesquels les vaccins actuels pourraient ne pas avoir d’effet protecteur », ajoute R. Dijkman.
Mise en œuvre des principes des 3R (Replace, Reduce, Refine) dans la recherche sur le coronavirus
Les résultats de l’étude montrent également que des modèles avancés de culture in vitro des cellules tapissant les voies respiratoires de différents mammifères peuvent être utilisés comme méthode alternative, contournant les contraintes traditionnelles des expériences in vivo, pour évaluer et donner un aperçu du spectre d’hôtes du SARS-CoV-2. « Notre étude montre qu’il existe un potentiel important de remplacement, de réduction et d’affinement des expériences sur animaux dans un avenir proche, et j’espère que, s’agissant des questions concernant la recherche fondamentale, nos résultats convaincront les chercheur·euse·s, les entreprises pharmaceutiques et les agences de surveillance des médicaments d’utiliser des modèles in vitro avancés et biologiquement pertinents avant de procéder à des expériences sur les animaux », conclut R. Dijkman.
Ce travail a été soutenu par la Commission européenne (Marie Sklodowska-Curie Innovative Training Network « HONOURS »), le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS, appel spécial coronavirus), le ministère fédéral allemand de l’éducation et de la recherche, et l’Office fédéral suisse de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV).